17.10.2010

Vichy sert à occulter le pétainisme

LEMONDE.FR  15.10.10
par Gérard Miller, professeur au département de Psychanalyse de l'université Paris-VIII

julliard41-5.jpgAprès la fin de la seconde guerre mondiale, pendant près de trente ans, les Français n'ont guère parlé de Vichy. Le pétainisme était considéré comme un phénomène exogène, que les Allemands avaient apporté dans leurs bagages en 1940 et remporté aussi sec en 1944. Sa funeste histoire commençait à Berlin et n'avait transité par Paris que pour finir à Sigmaringen. Sigmaringen qui avait été "la France en Allemagne" tout comme Vichy avait été "l'Allemagne en France". On nous répétait ce mensonge : la Révolution nationale n'a pas eu le temps de s'enraciner chez nous et en entrainant dans leur fuite les Pétain, Déat et autres Brinon, les nazis ont eu le bon goût de débarrasser notre pays de ces parasites indigestes made in IIIe Reich.Aujourd'hui, ceux qui, comme moi, avaient écrit des livres dans les années 1970 pour que le pétainisme sorte des placards de l'amnésie nationale et soit enfin reconnu comme une abjection franco-française, doivent-ils du coup se réjouir ? De fait, loin de rester une référence mineure de notre vie politique, Vichy est désormais entré dans le débat public et presque plus personne n'hésite à rappeler "ces heures noires qui souillent à jamais notre histoire", pour reprendre les mots de Jacques Chirac  dans son discours du Vel d'hiv. Seulement voilà, pour le psychanalyste que je suis, il y a tout de même quelque chose qui cloche dans l'usage actuel du signifiant "Vichy"… Oh, un détail, mais qui témoignerait plutôt de la persistance du refoulé pétainiste : Vichy est évoqué à tout de champ, c'est-à-dire un peu trop souvent.../...

Illustration : Un seul Chef : Pétain 1943 Editions Séquana (l'éditeur en 1943 de Kleber Haedens pour son livre "Une Histoire de la littérature française" que Philippe Juvin voulait distribuer à tous les petits garennois entrant en Sixième).

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