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24.09.2008

Le maire UMP de La Garenne-Colombes, Philippe Juvin est contre la mise en place d'un quotient familial pour les cantines scolaires de la ville. Pourquoi.

Toutes les autres villes du département l'ont adopté, sauf une, La Garenne-Colombes. 

 

Depuis des années, le maire, Philippe Juvin s'oppose au principe du quotient familial au prétexte que le prix du repas dans les cantines scolaires est déjà très bas, selon lui.

Trois euros et quelques centimes (augmentés prochainement du taux de l'inflation).

C'est un montant fixe qui est effectivement dans une fourchette basse des prix moyens pratiqués dans le département. Le problème est que plus aucune ville du département ne pratique un prix fixe. Toutes, sans exception dans le département pratiquent des prix en fonction d'un barème établi selon le principe juste du quotient familial. Il n'y a donc plus vraiment de moyen de comparaison.

Le deuxième argument avancé est que le maire se verrait alors contraint d'augmenter le prix du repas de certains élèves afin de pouvoir le baisser pour d'autres.

Cet argument ne tient pas compte de plusieurs facteurs.

1/ Une augmentation n'est pas chose inéluctable.

a) Rien n'empêche la municipalité de reporter dans le budget général des cantines les aides attribuées jusque là au coup par coup. Des aides considérées par certains demandeurs comme humiliantes et de toutes les façons, comme tout ce qui est au coup par coup, inéquitables voire favorisant le clientélisme. Mais ces aides, jusque là réparties sur plusieurs services sociaux et représentant des sommes non négligeables pourraient, si elles étaient regroupées faire pencher la balance positivement du bon côté de la décision;

b) Si la volonté est de ne pas augmenter le prix maximum du repas (pour des raisons essentiellement électorales) rien n'empêche la municipalité d'attribuer des budgets supplémentaires aux cantines en rognant, par exemple sur des frais superflus de représentation ou de communication. Frais très élevés dans cette commune.

2/ Une légère augmentation du prix du repas pour certains, est-ce vraiment inconvenant ou indécent ?

La population de la Garenne-Colombes est majoritairement aisée. Comme se plaît à le dire Monsieur le maire, le prix moyen de l'immobilier avoisinerait les 5.000 euros/m². Ce serait d'ailleurs la raison principale qui rendrait difficile la construction de logements sociaux qui rappelons-le représentent seulement 10% du parc au lieu des 20 % recommandé pour assurer une mixité sociale raisonnable.  Mais c'est un autre sujet. La classe moyenne ou aisée est donc majoritaire dans la ville de la Garenne-Colombes.

Serait-il indécent de demander à des parents qui, même s'ils ne roulent pas tous en Porsche, en 4X4 ou comme Monsieur le Maire en Vel Satis 3 litres de cylindrée, possèdent souvent des pavillons ou des appartements de 500.000 ou 1.000.000 d'euros, sont cadres supérieurs, professions libérales ou rentiers, forment des couples où l'homme et la femme travaillent, fuient la ville le week-end pour rejoindre une gentille campagne, vont massivement aux sports d'hiver …de payer un tout petit peu plus de trois euros et quelques centimes pour le repas de leurs enfants ? Serait-ce vraiment indécent ?

Serait-ce indécent de demander à des parents de donner quelques centimes de plus à leur enfant pour leur repas scolaire quand eux-mêmes dépensent beaucoup chaque midi au restaurant et s'évertuent à donner le meilleur à leurs enfants quand ils font des courses. ?

Je ne le pense pas.

Ce qui est indécent c'est de croire que les garennois sont des gens si pingres et si stupides qu'ils pourraient en vouloir au maire de céder à des mesures solidaires.

Ce qui est indécent c'est de faire en sorte que les plus riches ne paient pas trop cher un repas grâce à l'aide des plus modestes, au principe de la seule égalité de traitement.  C'est le monde à l'envers.

Les garennois ne sont pas des abrutis incapables de tout discernement. Ils seraient peut-être même les premiers à vouloir participer à la lutte contre les discriminations.

Je suis le premier à n'avoir jamais compris pourquoi mes enfants devraient payer la même somme que ceux de leur nounou qui, elle, a du mal à boucler ses fins de mois. J'ai bien compris aussi que si leur nounou devait s'exiler dans une contrée plus lointaine, dans une ville dite populaire, eh bien, mes enfants n'auront plus de nounou. C'est aussi simple que cela.

Les arguments opposés au quotient familial, les garennois les connaissent. Ils les ont lus et relus dans les tracts électoraux depuis des décennies. Mais les partagent-ils, ces arguments ? Je n'en suis pas sûr du tout. Leur a t-on au moins déjà posé la question ? Je ne le crois pas non plus. Pourquoi ne pas faire un referendum ?

Quand on voit des conseillers de la majorité municipale voter comme un seul homme derrière le maire et contre le quotient familial, on se demande vraiment qui ces gens représentent, si ce n'est eux-mêmes, effrayés par des chimères.

Quand on voit des conseillers de la majorité municipale voter comme un seul homme le financement de la plus grosse voiture possible pour un Maire qui rechigne par ailleurs à mettre en place la plus solidaire des mesures qui soit, le quotient familial, on se demande vraiment si la démocratie, parfois ne marche pas sur la tête.

Cette voiture, à titre de comparaison représente le prix de plus de 15.000 repas scolaires !

Le Garennois moyen que je suis, vous le dit : mesdames et messieurs les conseillers municipaux ne pensez-pas uniquement à vos considérations électorales, pensez qu'en étant tout simplement comme nos voisins, les autres villes du département, les garennois vous remercieront peut-être. De vous arcquebouter à des principes favorisant l'exclusion, donc la ségrégation, je ne pense pas qu'ils vous en soient longtemps reconnaissants !

C'est d'autant plus incompréhensible que le premier magistrat, "orbis"  communique énormément pour se donner l'image d'un porte parole du RSA, de la cause des handicapés ou de la population afghanne.

 

Il y a des contradictions qu'il faudra bien un jour nous expliquer.

Commentaires

La raison invoquée ouvertement lors d'une réunion à la mairie devant des membres de la FCPE demandant l'instauration du quotient familial est d'ordre idéologique. "Pourquoi serait-ce toujours les mêmes qui paient pour les autres ?" est sorti de la bouche de Mme Roussillon, à l'époque chargée des affaires scolaires. A bon entendeur...

Ecrit par : Bidibule | 24.09.2008

D'ailleurs nous tenons a féliciter les affaires scolaires pour le nouveau pilori de l'école Marsault !

En effet, depuis peu un "hall of shame" est affiché au dessus des pointeuses de la cantine, tableau reprennant les noms et prénoms des enfants dont le compte "agil" est débiteur.

Voila donc une excellente initiative qui permet avec une grande élégance de pointer du doigt les têtes "blondes" qui n'ont comme unique but que de prendre dans la poche des autres pour se baffrer honteusement...

Une question à nos chers élus, vous qui parlez si souvent du handicap, avez-vous une quelconque conception de la notion de handicap économique et social ?

Ecrit par : Poil à Gratter | 01.10.2008

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