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12.11.2008

"Maréchal, nous revoilà !" Le Grand Retour du pétainisme.

Par Corinne Arquillière 21/04/2008

http://www.lyoncapitale.fr/index.php?menu=13&article=...

Enoyé par Louis Lumière, lecteur de blog (merci)

Vers quel avenir nous laissons-nous conduire aujourd'hui ? Mon amie Anna, ancienne combattante infirmière militaire lors du dernier conflit mondial me disait l'autre jour : « vous les jeunes, vous ne savez pas ce que c'est que de perdre la République, vous êtes nés avec et vous avez toujours vécu avec. Nous qui avons connu Vichy, nous savons ce que c'est d'avoir perdu une fois la République et d'avoir dû nous battre pour la récupérer. Et aujourd'hui, chaque fois que la moindre attaque est portée contre elle, nous tirons la sonnette d'alarme pour ne pas voir revenir ces périodes troubles et honteuses de notre histoire ». Que de sagesse et d'expérience dans cette simple phrase… J'assistais dernièrement à une conférence pour la défense de la laïcité organisée par le Grand Orient de France à Lyon. J'en ai retenu deux choses importantes. La première qui m'a fait chaud au cœur, c'est qu'il y avait présents ce soir-là beaucoup de gens prêts à écouter et défendre notre laïcité. La seconde, c'est que résonnent encore dans ma tête les citations des mots exacts de Pétain lorsqu'il s'est acharné à faire abroger cette loi de 1905. Quelle similitude avec les déclarations actuelles de notre Président, un quasi copier-coller qui ne peut que glacer d'effroi. Fort heureusement, dans nos sociétés démocrates et humanistes, chaque fois qu'une décision injuste et inhumaine est prise, tout comme chaque fois qu'une décision juste et humaine est attaquée, des voix s'élèvent et appellent à la résistance et à la lutte. Ainsi en est-il de la résistance face aux attaques contre la laïcité. Ainsi en est-il de la résistance face à une loi qui veut hiérarchiser les discriminations, alors même que c'est la discrimination en elle-même qui est condamnable, pas la nature de cette discrimination. Ainsi en est-il encore de la résistance contre la chasse et les expulsions des étrangers intégrés qui ont un emploi, une famille, une vie dans notre pays. Savoir que ces familles vivent recluses et cachées par des connaissances n'a de cesse que de me faire penser à d'autres périodes noires de notre histoire, celles où des humanistes cachaient des juifs ou des prêtres réfractaires.

Mais pour autant, pouvons-nous être fiers d'une société dans laquelle les détresses humaines sont devenues telles que les gens sautent par les fenêtres ou dans les fleuves, que les jeunes et moins jeunes se suicident en prisons ou en camps de rétention ? Quel est cet Etat dans lequel aujourd'hui on fiche les enfants dans le logiciel Base élèves, on fiche les adultes dans le logiciel Ardoise tout en rendant ces fichiers accessibles à ceux qui n'ont pas forcément vocation à avoir cet accès ? Quel est ce pays dont le visage a tant changé en moins d'un an je ne le reconnais plus, où sont passés les Républicains de Gauche, mais surtout où sont passés les Républicains de Droite, les Gaullistes, ceux qui aiment notre République, notre France, pourquoi leurs voix ne s'élèvent-elles pas, pourquoi les médias ne relayent-ils pas leurs voix si celles-ci s'élèvent sans que nous le sachions ? Sommes-nous dans une spirale infernale vers une pensée unique imposée par un homme unique ?

Nous avons tous à nous interroger, à interroger notre conscience, à réveiller notre responsabilité individuelle face à ce qui se passe en ce moment, face à cette dérive progressive qui vient chaque jour un peu plus contaminer notre République. Comment imaginer un jour, des hommes et des femmes devant un tribunal répondant à des questions en disant tout simplement : « mais je ne faisais que mon travail, ce pour quoi je suis payé, ce qui me permet de vivre et faire vivre ma famille, je ne savais pas et je ne cherchais pas à savoir ni à comprendre, trop enfermé que j'étais dans mes propres problèmes », comme si l'Histoire ne nous avait rien appris. Oui nous avons la responsabilité de nous interroger sur la nature de la chaîne dont nous sommes chacun un maillon. Pour autant je veux continuer à croire en l'humanisme qui vibre dans chaque être humain et continuer à me battre aux côtés de ceux qui partagent les mêmes valeurs que moi, celles d'une France dans laquelle les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.

Je finirai mon propos en citant deux hommes et en livrant ces citations à votre réflexion.
Aimé Césaire écrivait « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. » (source Le cahier d'un retour au pays natal).
Brice Hortefeux a dit qu'il était "anormal de vouer Vichy aux gémonies depuis aussi longtemps" (source Le Canard Enchaîné).

Corinne Arquillière

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