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13.02.2009

Pas de chance Kleber (Haedens) !

Il est mort un vendredi 13 ...

Kleber Haedens s'il avait su, aurait du être paraskevidékatriaphobe* ... il est mort un vendredi 13 (août 1976). PAS DE CHANCE !

Mais de la chance, à vrai dire, il n'en a jamais eu, Kleber.

13.jpgAlors qu'il avait tout pour devenir un brillant soldat après des études au Prytanée militaire de La Flèche dans la Sarthe et qu'il était doté d'une santé de grand gaillard, voilà qu'il se retrouve planqué à Lyon pendant la guerre quand ses copains de classe, les fameux Brutions, s'illustrent eux sur les champs de bataille. PAS DE CHANCE !

Alors qu'il était doté d'un certain talent, d'une belle plume, voilà qu'il n'est engagé que dans des journaux qui seront tous, sans exception considérés plus tard comme les pires torchons que l'imprimerie ait pu produire. Les Je suis partout dans lesquels il a signé sont encore aujourd'hui répertoriés par toutes les associations qui luttent contre l'antisémitisme. D'ailleurs n'a-t-il pas publié une nouvelle intitulée “Pas de chance” dans le "Je suis partout" du 22 mars 1940. Prémonitoire ...  Vraiment, rester dans l'histoire de cette façon. PAS DE CHANCE !

Alors que nombre de français choisissent la résistance, notre Kleber, lui a le stylo qui tremble au son de "Maréchal, nous voilà". PAS DE CHANCE !

Alors que l'avenir de la France sera plus tard à l'image de la grande démocratie américaine qui viendra la sortir des griffes du fascisme, notre Haedens s'enferme avec délectation dans la croyance monarchiste du futur condamné à mort Charles Maurras. PAS DE CHANCE !

Dans les années 60, alors que l'Algérie était inéluctablement vouée à acquérir son idépendance, notre malchanceux Haedens s'entête lui à défendre le combat d'arrière garde de ses amis de l'OAS. PAS DE CHANCE !

Encore huit ans avant sa mort, alors que 1968 voit fleurir une révolution des idées sur le pavé du quartier latin, le voilà toujours à tenir siège sur le trottoir d'en face à vénérer un Maurras, pourtant mort avec ses idées depuis un bail. PAS DE CHANCE !

Enfin, alors que l'eau claire,  on le sait maintenant, est gage de longévité, Kleber cru, lui, à tort que beaucoup de vin de Bordeaux lui permettrait de suivre pour toujours le Tour de France. Il n'y resistera pas et mourut assez jeune. PAS DE CHANCE !

Il sera donc mort un vendredi 13 après s'être beaucoup trompé et sans jamais avoir été le résistant que Philippe Juvin aurait bien aimé qu'il fut.

PAS DE CHANCE, KLEBER !

* Paraskevidékatriaphobie : la phobie du vendredi treize

Commentaires

Mais le comble, n'est-ce pas qu'un maire UMP épris de littérature poussiéreuse ait à tout prix voulu le sortir de l'oubli, et donner son nom à un collège, pauvre Kleber qui détestait l'école de la République, les enseignants et les programmes de l'Education Nationale?

Ecrit par : Helene | 13.02.2009

D'ailleurs pour mieux éclairer nos concitoyens sur les amis de Kléber entre 1936 et la fin de la guerre, France 3 a eu l'OUTRECUIDANCE de diffuser dimanche 8 février un excellent téléfilm sur la cagoule et cette période. Comment on voit que sentant le vent venir d'aucuns se sont empresser de donner des gages de bons résistants........

Ecrit par : Ramon Mercader | 13.02.2009

Et le plus préoccupant dans cette histoire ce n'est pas qu'un Kleber Haedens ait pu exister et ecrire, cela fait parti du patrimoine national. Apres tout dans une famille, il y a toujours des membres plus ou moins respectables que l'on souhaiterait oublier ou pour qui on a peu d'estime.

Non le probleme, c'est que de maniere très calculé et très habile un homme politique en mal d'inspiration s'amuse à accrocher son nom sur le fronton d'un collège.

De toute façon, il est a present clair que la strategie de nos gouvernants est de diviser les français sur des débats polemiques afin de pouvoir exercer leur pouvoir autoritaire avec plus de facilité.

La grande distribution en montant les personnels les uns contre les autres a compris cela depuis longtemps, resultat ca file droit car c'est du chacun pour soi.

Ecrit par : Garennois | 13.02.2009

Finalement, vous avez raison : pourquoi salir le nom de Kleber Haedens en l'associant à un édicule où vont œuvrer des fonctionnaires de l'éduc' nat' ? Appeler le collège Diam's ou Grand Corps Malade votre truc, et qu'on n'en parle plus.

Ecrit par : aue | 17.02.2009

Oups : "Appelez-le"

Plus j'y réfléchis, plus l'initiative de ce bon docteur Juvin me paraît déplorable : l'idée de voir Kleber Haedens associé à des ateliers citoyens — solidaires — républicains (ce à quoi se réduit aujourd'hui l'enseignement dans les collèges de la Gueuse) a de quoi faire frémir !

Ecrit par : aue | 17.02.2009

@ Aue (Max Aue ? Le héro nazi de Littell, peut-être ?)
Merci pour vos commentaires. Les parents d'élèves et les enseignants surtout, apprécieront la façon dont les "supporters" de Haedens considèrent l'école de la République. On se croirait un peu dans la tribune des Boulogne Boys. Cela promet pour la rentrée !

Ecrit par : PhilBert | 18.02.2009

Max Aue était un bourreau cultivé, le posteur donne plutôt dans les arguments bas de gamme.
Au fait Littel a non seulement un éditeur mais un agent....serait- ce un coup à la Ajar.

Ecrit par : Ramon Mercader | 18.02.2009

Cette seule expression, répétée ad nauseam, d'école "de la République" (on se contentait autrefois du plus neutre "école publique"), donne la mesure de votre amour de la servitude. Je ne connais pas d'autre pays où l'on assigne officiellement aux institutions d'enseignement la mission de faire la propagande du régime.

Ecrit par : Aue | 18.02.2009

Ramon, vous faites sans doute référence au pseudo que Romain Gary utilisa, lassé des critiques douteuses d'un Haedens* qui le crucifia tout de Go et pas à L'Association des Jeunes Anesthésistes Réanimateurs, qui bien sûr n'a rien à faire ici ... C'est vrai, ça, que viendrait faire un anesthésiste-réanimateur dans ce débat ?
Quand à "la Gueuse", décidément que ces références sont passéïstes. Regardons devant, pas derrière ...

* C'est vrai que Gary avait tout pour ne pas plaire à Haedens. D'abord il était juif ensuite il faisait partie des écrivains qui avaient publié des nouvelles dans le Gringoire, un hebdomadaire qui s'orienta ensuite à l'extrême-droite : « Gary renonça alors courageusement aux généreuses rétributions (...) quand le journal afficha des idées fascistes et antisémites. Il écrivit à la rédaction une lettre pour dire en substance : “ je ne mange pas de ce pain là”».
Le contraire de ce que fit Kleber Haedens à Je suis partout, l'Insurgé, Aspects de la France où il "mangea, sans en avoir eu jamais le remord, de ce pain-là".

Ecrit par : PhilBert | 18.02.2009

@ Ramon Mecader

Les bourreaux sont fatigués. Vous en savez quelque chose, Ramon ?

Ecrit par : Aue | 18.02.2009

@ Philibert

"Regardons devant, pas derrière" : Vous en avez beaucoup de cette eau ? Et le devoâr de mémoire, qu'est-ce que vous en faîtes ?

Ecrit par : Aue | 18.02.2009

Concernant Haedens, c'est un devoir d'oubli qui nous est demandé par nombre de Garennois. Ce à quoi nous nous employons, cher Monsieur.
PS : votre temps de parole arrive bientôt en fin de forfait. Prévoir de vous consacrer à l'essentiel. Merci

Ecrit par : PhilBert | 18.02.2009

@ Philibert

Rassurez-vous, je n'ai plus rien à ajouter. Tous mes souhaits de réussite pour votre salubre entreprise.

Ecrit par : aue | 18.02.2009

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