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10.04.2009

Lucien Rebatet et Kleber Haedens partageaient les mêmes "valeurs" dans les colonnes de "Je suis partout"

Aux archives nationales on y garde même les courriers de vacances.

Voici une lettre de dénonciation "ordinaire" dans le milieu de Haedens ...

MORAL EN VALLOIRE, le 19 août 1942

Monsieur le Chef de Cabinet de l'Éducation nationale, Vichy, Allier

Je suis Lucien REBATET, l'un des plus anciens et des principaux collaborateurs de JE SUIS PARTOUT. Je vous écris sur le conseil de mon ami Robert BRASILLACH* .

Je viens vous signaler aujourd'hui un cas qui me semble particulièrement "pendable".

Je fais actuellement un séjour de vacances dans mon pays natal. Dans la commune voisine de la mienne est installée depuis un an environ une Ecole de Cadres du Secrétariat de la Jeunesse, l'Ecole du Château de la Peyrouse, à St-SORLIN-en-VALLOIRE (Drôme).

Le chef de cette école des Cadres, Monsieur D., m'a été présenté il y a quelques jours. Nous avons eu ensemble une longue conversation. Soit que Monsieur D. ignore mes sentiments et notre action à Paris, soit qu'il s'estime intangible, il a entièrement vidé son sac en ma présence. Cette profession de foi, faite d'un ton d'assurance et d'arrogance extrêmes, peut se résumer ainsi :

- mépris exprimé dans les termes les plus injurieux pour tout l'ensemble du Gouvernement;

- hostilité particulièrement virulente à l'endroit du président Laval et de sa politique extérieure, considérée comme une trahison;

- apologie de la dissidence gaulliste, des terroristes communistes, de l'Angleterre, de l'Amérique et de Moscou;

- judéophilie passionnée, présentée selon l'argumentation démocrate-chrétienne, habituelle à ce genre de personnages.

Une enquête, à laquelle je me suis livré depuis, me permet d'affirmer que Monsieur D. est auprès de la population de la contrée, un des agents les plus actifs de la propagande anglaise, moscovite et juive. Si mon témoignage contre ce dernier ne suffisait pas, je pourrais en fournir d'autres, en particulier celui de mon ami Monsieur G. A., industriel, militant nationaliste et collaborationniste, très connu dans le département de la Drôme.

Nous ne sommes pas à JE SUIS PARTOUT des maniaques de l'épuration, acharnés à poursuivre les instituteurs anciens S.F.I.O. ou les vétérinaires soupçonnés de maçonnerie.

Mais nous estimons, Brasillach et moi-même, que la présence à la tête d'un organisme officiel de la Jeunesse, d'un agent avéré de la propagande ennemie constitue un scandale absolument intolérable. Nous vous en faisons juge avant de rendre public par les moyens dont nous disposons, l'agissement de ce personnage. Nous espérons fort que cette campagne de presse ne sera pas nécessaire et que le cas de Monsieur D. pourra être promptement tranché.

Je vous prie de croire, Monsieur, à l'assurance de ma vive considération.

Lucien REBATET

 * Ndlr : Robert Brasillach, rédacteur en chef de "Je suis partout" de 1937 à 1940 quand Kleber Haedens y prêtait sa plume à raison de pleines pages.

Pas-de-chance-titre.jpg
Source : Mémorial de la Shoah. Paris
Article K.Haedens illustré par Ralph Soupault
Cliquez sur l'image pour lire

Est-ce de cet exemple de littérature dont les petits garennois ont besoin ? Je ne le pense pas.

Commentaires

STOP ! Je n'en peux plus de lire les horreurs que vous publiez.Vous nous avez fait découvrir Haedens et son monde xénophobe, ant-juifs, anti-tout. maintenant anti enseignants SFIO. Mais jusqu'où faudra-t-il que vous fassiez la démonstration de l'inbécilité de ce choix, je n'en reviens pas qu'un maire s'obstine à ce point devant de tels arguments. Faut-il que les descendants de ces institueurs SFIO sauvés par les alliés prennent les armes, ou quoi. Ras le bol, cela ne va pas se passer de la sorte. La littérature, mon c*l, oui.

*modération

Ecrit par : parents | 10.04.2009

1) Cela ne fait que montrer que le monde de la collaboration parisienne était à cent lieues de la mansuétude de Vichy.

2) Sur le fond, Rebatet s'étonne seulement que l'on ait confié la direction d'une école de cadres du régime — une sorte d'embryon de l'ENA — à un homme qui professait mépriser ce même régime (qui lui assurait néanmoins son salaire).

3) Votre procédé rhétorique est particulièrement grossier : Haedens n'est pas Rebatet. Il n'était ni collaborationniste, ni même un admirateur inconditionnel de Vichy; il était bien plus proche de cette catégorie, tout à fait honorable, des "vychisso-résistants" (terme forgé par O. Wieviorka) — sans d'ailleurs, reconnaissons-le, qu'il ne fût très "vychiste" ou "très "résistant". Que les trajectoires ne soient pas figées, que le fait d'avoir écrit (quelques rares articles) dans un journal d'extrême-droite occasionnellement antisémite avant-guerre ne vous menât pas forcément à la collaboration (l'on compte bien des cas contraires : voir entre autres l'ouvrage récent de Simon Epstein, "Un paradoxe français : Antiracistes dans la collaboration, antisémites dans la Résistance") semble incompréhensible aux esprits simples qui vivent dans un monde de "fantasmes gratifiants" (A. Finkielkraut) persuadés qu'ils auraient fait le bon choix aux heures sombres, prompts à s'auto-décerner des médailles de la Résistance 70 ans après les faits, et dont la rage épuratrice s'étend jusqu'à des personnalités (K. H.) auxquelles on n'avait jamais songé à reprocher quoi que ce soit. Rappelons pour finir qu'Haedens n'a jamais écrit de sa vie une seule ligne antisémite, à une époque où l'on note couramment des allusions de ce genre — sans qu'elles soient forcément virulentes ou criminelles — chez des écrivains de toutes tendances (lisez le journal de Gide par exemple). A cet égard, K. Haedens est plutôt une exception, et une exception qui mérite d'être saluée.

Ecrit par : max | 11.04.2009

Max, que vous écriviez, datiez et signiez de votre IP :"que le fait d'avoir écrit(KH) (quelques rares articles) dans un journal d'extrême-droite occasionnellement antisémite avant-guerre ne vous menât pas forcément à la collaboration " ... me rassure.
En effet, dire que "Je suis partout" était "occasionnellement antisémite avant-guerre" montre que vous ne connaissez rien à l'histoire de la Presse ou que vous êtes un véritable "négationniste". Dans les deux cas, si c'est cela soutenir Kleber Haedens, nous vous remercions.
Bien à vous. PhilBert

Ecrit par : PhilBert | 11.04.2009

Je connais certainement cette histoire mieux que vous, mais je n'y projette pas des fantasmes rétrospectifs ; quant à la grave accusation de "négationnisme", je me permets de vous rappeler que ce vocable a été forgé pour désigner plus adéquatement les prétendus historiens qui se parent du titre de "révisionnistes" pour nier l'existence de la Shoah; l'étendre à n'importe quel jugement qui n'a pas l'heur de vous plaire (avec en plus des remarques perfides sur l'IP) est pour le moins discourtois. Je veux bien endosser face aux vaillants résistants de l'an 2009 (qui se choisissent un adversaire auquel personne — et pour cause — n'avait jamais rien trouvé à reprocher) le costume du méchant pour rire, mais il y a des limites.

Ecrit par : max | 11.04.2009

Ne vous inquietez pas, Max le fasciste (c'est vous qui l'avez dit). Nous ne sommes pas comme cela. On s'en fout "royalement de votre IP". C'est un jeu ... Je sais, en français de tous les jours, ce que veut dire "négation" et je ne l'emploie pas pour rien. Nier que "Je suis partout" était antisémite en 1937 et 1940, c'est nier la vérité. Le reste n'est que "pipo". Je m'en voudrais d'être discourtois avec vous. Ici, on aime tout le monde, sauf pour baptiser des écoles de l'Education nationale.

Au fait, Max, vous séchez ? Le pseudonyme de Rebatet dans "Le cri du Peuple", vous le connaissez ou pas ? Nous publierons un de ces jours ici la lettre d'une garennoise adressée à ce monsieur mais qui n'a jamais été publiée dans le courrier des lecteurs. Vous verrez, ça c'est de la littérature ...

Ecrit par : PhilBert | 11.04.2009

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