11.09.2010

Marine Le Pen, Pierre Gaxotte, Kleber Haedens, ... et Philippe Juvin (UMP-PPE).

le pen-fog-gaxotte.jpgJe n'ai pas été surpris hier soir d'entendre Marine Le Pen chez Franz-Olivier Giesbert (France 2) dire avec un naturel déconcertant qu'elle avait été "intellectuellement nourrie", entre autres "classiques", par la lecture de l'Histoire de France de Pierre Gaxotte (Hachette, 1960).

Bizarrement personne ne releva l'énormité de la réponse, car voici en quelques lignes qui était Pierre Gaxotte :


Pierre Gaxotte (1895-1982) est un historien et journaliste d'extrême droite. Il fut introduit dans les milieux intellectuels par l'éditeur Arthème Fayard, qui lui confia la direction du journal Candide, puis celle de Je Suis Partout dont il fut le responsable jusqu'en 1939 (JSP, le journal antisémite d'avant-guerre dans lequel Kleber Haedens publia quelques nouvelles) . Il contribua régulièrement à L'Action française, de Charles Maurras.

Gaxotte a écrit de nombreux ouvrages d'histoire qui ont marqué leur temps et qui ont connu plusieurs éditions (notamment ceux publiés avant la Seconde Guerre mondiale: La Révolution française (1928) ; Le Siècle de Louis XV (1933) et Frédéric II (1938). L'auteur y propose une vision critique de la Révolution française en même temps qu'il entreprend une réhabilitation de Louis XV, alors très décrié. Proposant une historiographie de type « contre-révolutionnaire » et monarchiste, les travaux de Gaxotte se situent dans le même courant que ceux de contemporains comme Jacques Bainville dont (comme pour Haedens) le nom a été donné à un cercle de l'Action française.
Pierre-Gaxotte.jpgPierre Gaxotte poursuit jusqu'en 1939 une carrière de journaliste dans la presse d'extrême droite, écrivant par exemple dans Candide du 7 avril 1938, à propos de Léon Blum : « Il incarne tout ce qui nous révulse le sang et nous donne la chair de poule. Il est le mal, il est la mort. »
S'il n'est pas hostile à la sympathie que manifestent ses collègues de Je Suis Partout pour le fascisme, il s'en éloigne progressivement et est remplacé à la rédaction en chef par Robert Brasillach en 1937 ; à partir de janvier 1939, il cesse de signer des éditoriaux pour ce journal.
Sous l'Occupation, Gaxotte soutient le Maréchal Pétain et le régime de Vichy, mais récusa le collaborationnisme de Je Suis Partout (après1941). Après la Libération, il abandonna son militantisme politique et devient éditorialiste au Figaro. Dès lors, il se consacra essentiellement à la rédaction de travaux historiques — mais lanca aussi sa propre revue d'inspiration maurrassienne, La Nation française. Il est élu à l'Académie française en 1953, le même jour que le duc de Lévis-Mirepoix (qui anima avec un certain Kleber Haedens à partir de 1968, le Comité Charles Maurras). Source Wikipedia

Attention école.jpgEn revanche, et il y a de quoi s'en étonner encore aujourd'hui, c'est finalement avec le même naturel déconcertant (se souvenir du conseil municipal de janvier 2008) que le maire de notre ville, l'UMP Philippe Juvin non content d'avoir déjà décidé (après concertation avec lui-même) du nom du nouveau collège (Kleber Haedens) avait tenté d'introduire en guise de cadeau de bienvenue à tous les élèves entrant en sixième au collège public, non pas l'Histoire de France de Pierre Gaxotte mais Une histoire de la littérature française (1943) de Kleber Haedens, un auteur au parcours et aux références en tous points identiques à ceux de Pierre Gaxotte, un Pierre Gaxotte qui fut d'ailleurs le "redac chef" d'Haedens dans le très antisémite "torchon" qu'était Je Suis Partout en 1937-1938-1939 et 1940.

Presse-juvin-haedens.jpgParents d'élèves, s'il n'est pas étonnant qu'un papa Le Pen (Jean-Marie) ait fait lire à sa fifille Le Pen (Marine) des ouvrages qu'il appréciait lui-même (tous les parents font la même chose) c'est-à-dire, Bibi Fricotin, l'Histoire de France de Pierre Gaxotte et une histoire de la littérature française de Kleber Haedens (une histoire de la littérature qui est le livre de chevet et de papa Le Pen et de Philippe Juvin, ont déclaré dans la presse l'un et l'autre) il est plus surprenant de savoir que ces deux derniers auteurs (P. Gaxotte et K. Haedens) - Bibi Fricotin, je ne sais pas - figurent aujourd'hui, en 2010 tous les deux en bonne place au programme de lecture du camp d'été de l'Action Française Maxime Real del Sarte, un camp qui est au mois d'août de chaque année LE stage de formation nationaliste et royaliste … autant dire un camp d'embrigadement idéologique de l'extrême droite traditionaliste.


Bien sûr, chacun est libre de faire lire ce qu'il veut à ses enfants. Mais nous, parents d'élèves attendons autre chose des établissements scolaires publics que de l'embrigadement idéologique surtout quand il s'agit de façonner les jeunes consciences, en particulier vers l'âge de 10/11 ans.

Imposer - il n'y a pas d'autre terme - la lecture d'Une histoire de la littérature française de Kleber Haedens à tous les enfants Garennois entrant en sixième relèvait d'une stratégie de formation "à la Le Pen", je suis désolé de le dire. Nous avons bien fait d'y mettre le holà. On a vu, hier sur le plateau de Franz-Olivier Giesbert ce que cela pouvait donner …

Tu as compris, Maurice* ?

PhilBert

* petite remarque à l'adresse uniquement des garennois.

Bibliographie :

  • Histoire de France, Pierre Gaxotte Hachette, 1960.
  • Pierre-Marie Dioudonnat, Je suis partout, 1930-1944. Les maurrassiens devant la tentation fasciste, La Table Ronde, 1973.
  • La bibliothèthèque de Jean-Marie Le Pen. Jean François Touzé National Hebdo 1988.
  • Je Suis Partout. Archives du mémorial de la Shoah.


 

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jsp_1juillet1938-Haedens.jpg

Post scriptum : remarquez, à l'Education nationale on n'est pas aussi "sot" que certains se complaisaient à le dire. Nous savions de source sûre et à haut niveau, on peut vous le dire maintenant, que JAMAIS "Une histoire de la littérature française" de Kleber Haedens n'aurait pu être distribuée par la mairie de la Garenne-Colombes ni aux enfants entrant en Sixième (comme Philippe Juvin l'avait souhaité) ni aux enfants des classes suivantes pour qui le Lagarde et Michard était encore préféré et ce, bien avant que ce nom stupide de collège ne soit finalement retoqué par le Conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian - Isabelle Balkany - Jean Sarkozy,  trois mois avant l'ouverture de l'établissement en septembre 2009. Le tout nouveau député européen UMP-PPE, le Pr. Philippe Juvin pouvait toujours aller sur les plateaux télé avec son Haedens sous le bras, il ne le savait pas encore, mais c'était foutu d'avance ...