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05.11.2008

Les "deux pieds dans le pétain"

Oui, avec Haedens, le Kleber municipal, j'ai l'impression d'avoir "les deux pieds dans le pétain".

Dès que l'on fait une petite recherche sur ce qu'était Haedens, sur quels étaient ses amis, sur les périodiques où ils écrivaient, sur ses engagements, sur ses préfaces, sur ses bons mots, sur les associations qu'ils fréquentaient, bref, sur sa vie oui, on a les deux pieds dans la Révolution nationale, l'Action Française, le maurrassisme, le nationalisme intégral, le monarchisme, le royalisme, la restauration nationale. Des valeurs chères au Maréchal. C'est d'ailleurs pour cette raison que Kleber, bon soldat de la cause participait de sa plume à tous les périodiques de propagande. Vous en voulez encore une petite liste : Je suis partout, l'Insurgé, Compagnons, Idées, Aspect de La France, ...

Maintenant, pourquoi avoir donné ce nom là plutôt qu'un autre à ce collège-là, à La Garenne-Colombes ?

Mystère et boule de gomme !

Haedens, n'a ni le talent d'un Céline, même s'il partageait ses idées, ni le talent d'un Hemingway même s'il partageait la même addiction pour l'alcool. Haedens est un écrivain mineur, vraiment mineur.

Si c'est par volonté de transmettre des valeurs. Personnellement je trouve que c'est loupé. Comme valeurs, il y a mieux.

Ces valeurs ne correspondent à rien, du moins à rien de moderne, à rien de gauche, à rien de droite, à rien d'européen, à rien de planétaire.

Ce ne sont que des valeurs de repli sur soi et d'exclusion.

Obama représente un espoir pour l'Amérique, un espoir pour la planète et voilà que l'on nous ressort, ici à La Garenne-Colombes et pour le siècle à venir, un recroquevillé sur le passé, un recroquevillé sur l'avant. Avant la république, avant ...

Au moment où le premier magistrat de la ville brigue un mandat européen, je trouve cela paradoxale de vouloir mettre en avant un vieux réactionnaire des années quarante, un type qui s'associa au comité Maurras en 1968, alors que la jeunesse était en train de refaire le monde. Un "has been sans vision, un has been sans autre espoir que la restauration.

Que faisons-nous à la Garenne-Colombes ? pareil.

On regarde en arrière et on ne trouve qu'un type qui regardait déjà en arrière en 1940, puis encore en arrière en 1968.  Une icône de gens qui crient encore aujourd'hui : Vive le Roy !

C'est cela l'exemple que l'on veut donner à notre jeunesse ?  Regardez en arrière, les enfants et Vive le Roi ! quand le reste du monde, lui, rêve d'avancer. 

Incompréhension !

 

1d34ad9da3c13178ac3dbfb4960bb7a7.jpg1968
A l’occasion du centenaire de la naissance de Maurras, un Comité Charles Maurras avait été créé à Paris. Présidé par le duc Antoine deLévis-Mirepoix, il comptait dans ses rangs d’innombrables personnalités,parmi lesquelles Henri Massis, Thierry Maulnier, Marcel Pagnol, René Huyghe,Gustave Thibon, Paul Vialar, Marcel Jullian, le colonel Rémy,
le général de Bénouville, Kléber Haedens, et tant d’autres.

 

Commentaires

Une remarque : Pétain était un bon républicain, de tendance radicale-socialiste semble-t-il, et sa politique au Maroc dans les années 20, répressive et bêtement colonialiste, était l'exact inverse de celle pratiquée par le royaliste non-conformiste Lyautey...
D'autre part, on peut être royaliste et impliqué dans la vie active contemporaine sans en accepter les idéologies dominantes c'est-à-dire le règne de l'Argent, de la croissance immodérée, du consumérisme, de l'égoïsme, etc.
La monarchie n'est pas la caricature que certains imaginent, Dieu merci ! On peut penser "Vive le roi" (sans "y"...) sans regarder constamment dans le rétroviseur...

Ecrit par : J.-P. Chauvin | 05.11.2008

Tout cela est encore une fois passionnant mais je ne vois toujours par ce que cela vient faire dans le débat sur KH...

Si Pétain était du mort dans le lit d’une maîtresse en 1919 ça lui aurait évité de terminer dans les douves de l’histoire de France et son portrait siégerait en bonne place sur ma cheminée… Admettons…

Lyautey était un aristo-monarchiste exfiltré vers la République et honoré équitablement par ses deux nourrices. Il a fait œuvre de courage, de modernité et d’un certain œcuménisme dont personne ne peut raisonnablement contester la valeur. Ayant toutefois moi-même fréquenté les scouts je dois reconnaître que je ne le suis pas non plus éternellement reconnaissant.

Bien, voila pour Pétain et voila pour Lyautey…

Revenons à votre ami Kleber Headers, nous n’avons affaire ni à un précurseur, ni à un visionnaire, ni à un courageux. Notre très cher Antoine lui dresse une couronne dont, hélas, on ne trouve trace ni dans les librairies, ni dans le gigantesque réservoir qu’est Internet (sauf à fréquenter les sites dont Philibert nous a déjà fait la liste… mettre à jour votre anti-virus avant toute visite…).

Ainsi donc KH s’est donc gentiment promené de livre en livre, de collaboration en collaboration envers des parutions dont la seule évocation (sauf à partager leurs idées) suffit à me faire remonter le Lièvre à la Royale de ce midi, avant de finir sa vie dans le sport entretenu par ses amitiés de toujours (entre nous est-ce mieux que dentiste en Argentine ?).

Reste donc sa monumentale histoire de la littérature Française, qui je vous le rappelle est à l’origine de cette « polémiquette ».

Nous affirmons que cet ouvrage est un livre à charge qui attaque systématiquement tout auteur Français ayant participé de près ou de loin à l’émancipation de notre peuple dans les différentes sphères que sont, la royauté, la politique, la religion, la liberté d’expression, la liberté de mœurs, le libre arbitre et le choix de vivre librement au sein d’une république laïque, libre, fraternelle et égalitaire.

Cet ouvrage de combat, comme le qualifiait à juste titre le brillant Jean d’Ormesson et dont je m’interroge sur la participation à la future pose de la première pierre du collège de la honte, est un livre politique au sens premier du terme.

C’est un point de vue dont le parti pris est évident, y compris pour ses défenseurs tous proches des mouvements nationalistes, monarchistes et nostalgiques d’un passé lointain dont l’immense majorité de nos concitoyens n’a que faire.

La manœuvre est habile, la tentation de manipuler les esprits sous couvert de faire entrer l’esprit critique dans l’enceinte de la République est une fausse barbe à laquelle tout républicain devrait s’opposer.

La malhonnêteté intellectuelle dont fait preuve le Docteur Juvin est symptomatique des méthodes des mouvements qui le soutiennent aujourd'hui dans sa croisade. Se faire oublier et tisser tranquillement sa toile.

Reste donc deux hypothèses :

1) Philippe Juvin est d’une naïveté affligeante et n’a aucune connaissance réelle de son auteur préféré.
2) Philippe Juvin sait ce qu’il fait et rend hommage à une icône de son idéologie.

A vous de trancher…

Ecrit par : Louis Lumière | 05.11.2008

Cher Jean-Philippe,

Pour chacun des noms que vous citez me viennent à l'esprit des époques, un héritage ou la matérialisation de leur apport à la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui vous et moi.

Encore une fois comparaison n'est pas raison, Kleber Haedens n’évoque, dans un pur délire onaniste, que quelque chose à Philippe Juvin, et peut-être à vous (je ne suis pas sur de l’aspect onaniste vous concernant…), pouvez-vous nous préciser votre analyse de son œuvre et de son histoire de la littérature et nous expliquer de façon factuelle, en quoi sa candidature est recevable pour baptiser un établissement de la République Française ?

Je veux dire en dehors de l'exercice de style qui consiste à déclamer des poncifs sur la liberté de penser…

Par ailleurs, pouvez-vous nous expliquer pourquoi ne se sont manifestés, pour défendre le choix de Philippe Juvin, que des intervenants partageant avec vous les mêmes convictions monarchistes ?

Je vous donne crédit de défendre ouvertement vos idées, en cela vous êtes à mes yeux fidèle à vous même. Je déplore simplement que celui qui sollicite le suffrage de nos concitoyens en soit incapable.

Ecrit par : Louis Lumière | 05.11.2008

Chers lecteurs, chers commentateurs,
je suis heureux que s'établisse ici un débat de qualité.
Vous l'avez bien compris, je défends ici l'idée que Kleber Haedens n'est pas un nom approprié pour notre futur collège.
Non pas après un procès en sorcelerie de ce Haedens, mais principalement pour deux raisons : 1/ Il ne représente pas aux yeux de beaucoup, les valeurs de modernisme, d'espérance et de liberté que nous aimerions voir sur une école de la République. Il représente plutôt le contraire. 2/ Pour mille raisons, d'autres noms (plus modernes, ne représentant en rien l'exclusion et tout aussi intérressant intélectuellement) étaient possibles, s'il y avait eu concertation, ce qui n'a pas été le cas.
Je constate, comme Louis, que pour l'instant personne n'est venu voler au secours du maire, pourtant pas mal décrié, à l'exception de personnes venant, semble-t-il des mêmes courants de pensée : royalistes, souverainiste ou nationaliste (excusez-moi, je ne suis pas un spécialiste. mais, merci, grâce à eux, je me documente et c'est passionnant).
Si je suis pour le respect de tous les courants de pensée et pour leur à droit à l'expression en public, dans la Presse, ... je considère que l'école publique doit rester un endroit neutre de toute influence. C'est aux programmes scolaires, aux profs d'assurer la diversité par leur personnalité, comme le fait, si j'ai bien lu, J.P Chauvin. Je le félicite, sincèrement.
Mais une école de la République, c'est sacré comme sont sacrés une église, une mosquée, un temple ou une synagogue. On ne peut pas y faire n'importe quoi et surtout pas s'approprier le symbole à des fins partisanes.
C'est ce que le maire de La garenne, pourtant est en train de faire, avec insistance.
Enfin (pour ce post), c'est juste qu'il a des écoles portant des noms marqués. Est-ce une raison pour continuer ou pire pour vouloir corriger le tir en fasant la même chose dans un sens opposé ? C'est carrément de la bêtise ou de l'inconscience. C'est souffler sur des braises quand tout le monde tente d'éteindre l'incendie. Car incendie, il y a à l'école, vous le savez bien.
Avant de prôner la liberté de penser, n'est-il pas plus urgent de prôner la paix, la solidarité, l'entraide, l'élévation de l'esprit, comme vous le faîtes sûrement en tant que prof, plûtot que la critique acerbe, la revanche, l'exclusion des minorités (de l'époque, les juifs, les homosexuels, les communistes, les francs-maçons) qui pourraient être aujourd'hui, les beurs, les blacks, les Bobos, que sais-je.
Laissez-nous défendre ces temples de la République dans lesquels nous croyons et que nous défendrons jusqu'au bout comme nous pouvons aussi défendre d'autres espaces de liberté qui sont peut-être aussi les vôtres. Nous aimons aussi notre Histoire. Mais en tant qu'Histoire. La meilleure source d'epérance n'est malheureusement pas le passé. Si, entre deux commémorations, l'école pouvait ENFIN se tourner vers l'avenir, j'en serais ravi. Et Haedens, côté "espérance" ?????
Qui dit défense, dit combat.

Ecrit par : Philbert | 06.11.2008

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