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14.01.2009

Vent de colère à l’hôpital Beaujon suite aux déclarations de Philippe Juvin

 Le Parisien  Christine Henry | 14.01.2009, 07h00  

 Les récentes déclarations de Philippe Juvin, patron des urgences et élu UMP, suscitent des protestations en série au sein de l’hôpital de Clichy.

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La colère gronde à l’hôpital Beaujon.

 

Alors que le chef des urgences, Philippe Juvin, également secrétaire national de l’UMP chargé des questions de santé et maire de La Garenne-Colombes, multiplie les interventions médiatiques sur les erreurs médicales, les médecins ont décidé de sortir de leur réserve.

Hier, la commission médicale d’établissement de l’AP-HP a voté à l’unanimité une motion condamnant les prises de position de leur confrère. « Les chiffres avancés, en particulier celui concernant les décès évitables, sont faux, sans aucun fondement scientifique et incompréhensibles de la part d’un médecin ayant des responsabilités. »
A la fin de la semaine dernière, Philippe Juvin avait déclenché la polémique en affirmant que 10 000 personnes décèdent chaque année à l’hôpital « du fait de l’exercice médical ».

Une déclaration de trop, selon les médecins responsables de pôle de l’hôpital de Clichy.

« La communauté médicale de Beaujon ne se reconnaît pas dans le discours de Philippe Juvin, affirment-ils dans une pétition.

Utiliser des accidents dramatiques à des fins politiciennes ne servira qu’à effrayer les patients qui nous font confiance et à décourager un personnel soignant compétent et dévoué. »

« Mélange des genres »

Philippe Ruszniewski, président du comité consultatif médical et chef du service de gastro-entérologie, critique ces « projections grossières. Rien ne vient étayer les chiffres avancés ». Il rappelle également que les solutions préconisées par Philippe Juvin sont déjà en mises en oeuvre.
Gilles Catoire, le maire socialiste de Clichy, s’associe à l’émotion du personnel de l’hôpital et pointe « le mélange des genres ».
« Tous les documents dont j’ai pris connaissance, articles de presse ou dépêches d’agence, font état de sa fonction de chef du service des urgences de l’hôpital Beaujon et donnent le sentiment qu’il s’exprime aussi à ce titre. Si les médecins ont le droit de s’exprimer librement dans le domaine scientifique, je demande au directeur général de l’Assistance publique de rappeler à celui-ci son obligation de réserve par rapport à des propos qui ne peuvent que mettre en difficulté sa hiérarchie. »
 

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 Amis lecteurs,

Quand vous saurez que la mairie de La Garenne-Colombes avait passé en septembre 2008 une petite annonce sur cadremploi.fr dont l'intitulé était le suivant : le maire à l'avenir prometteur et très investi dans l'UMP recherche son attaché(e) de Presse ... vous vous direz, comme les garennois maintenant, qu'il faut dans toute déclaration de Philippe Juvin savoir faire le tri entre promotion de son avenir très prometteur et promotion de l'UMP (sourire).

On peut aussi voir la page Wikipedia pour se rendre compte que Philippe Juvin n'est pas que médecin.

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Vous trouverez ci-dessous le texte intégral écrit par le Professeur Philippe Ruszniewski, président du comité consultatif médical de Beaujon, et voté à l'unanimité par tous les responsables de pôles de l’Hôpital :

LA COMMUNAUTE MEDICALE DE

L’HOPITAL BEAUJON REFUTE LES DECLARATIONS DU CHEF DE SERVICE DES URGENCES

Philippe Juvin le sait mieux que personne : sur le sujet sensible des erreurs médicales, il faut avancer avec le sens des responsabilités et non celui du sensationnel, en s’appuyant sur des arguments solides et validés, en se gardant d’utiliser l’angoisse que suscitent ces questions dans le grand public. Estimer à 10000 personnes le nombre annuel de décès « du fait de l’exercice médical » à l’hôpital ne repose sur aucune donnée, comme Philippe Juvin le reconnaît lui-même.

Appeler à son secours le système de santé américain n’est pas sérieux, tant il est différent du nôtre.

Confondre « erreurs graves » et « événements indésirables graves » est malhonnête ;

Philippe Juvin sait que ces événements sont dans l’immense majorité des cas inhérents à la gravité de la maladie et aux effets secondaires des traitements. Cela signifie-t-il que les médecins s’exonèrent de leurs responsabilités ? Tout au contraire ! Loin d’avoir attendu les suggestions de leur collègue, ils ont mis en place, à l’instigation de la Haute Autorité de Santé, des revues de morbi-mortalité (RMM), durant lesquelles ils examinent les décès et les accidents, afin de chercher les éventuelles failles et mettre en place le cas échéant des procédures correctives.

La communauté médicale de l’hôpital Beaujon ne se reconnaît pas dans le discours de Philippe Juvin.

Rien ne vient étayer les chiffres avancés.

L’hôpital public a le devoir de continuer à s’améliorer, d’accueillir les plus défavorisés, de faire en sorte que tous continuent d’être soignés par les meilleurs dans des délais raisonnables. Utiliser des accidents dramatiques à des fins politiciennes ne servira qu’à effrayer les patients qui nous font confiance, et à décourager un personnel soignant compétent et dévoué.

Philippe Ruszniewski, président du Comité Consultatif Médical, Jacques Belghiti, Bruno Fantin, Philippe Lévy, Jean Mantz, Michel Vidaud, responsables de pôle, Hôpital Beaujon, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Clichy.

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COMMUNIQUE DU PERSONNEL DE L'HOPITAL BEAUJON

La direction de l’Hôpital BEAUJON, a adopté en force le 9 janvier 2009, un changement d’horaire en 2 équipes de 12 heures pour le service des Urgences, malgré un vote contre à l’unanimité des membres du CLHSCT (soutenus par une grande majorité des personnels concernés) et malgré également un rapport d’expertise réalisé par un cabinet indépendant sans équivoque sur la dangerosité d’un schéma horaire en 12 heures dans ce service.

En effet le rapport d’expertise du cabinet ISAST, met en en évidence entre autre, un risque accru d’erreurs professionnelles ainsi qu’un risque de diminution de la qualité des soins avec un système d’organisation en 12 heures.

Le lendemain Mr JUVIN, tout en déclarant dans le Journal Du Dimanche, « …pour ma part, j'estime qu'au moins 10 000 personnes meurent chaque année à l'hôpital du fait de l'exercice de la médecine. Et pourtant, ces décès sont évitables…. », avalise le travail en 12 heures dans son service, imposé par la direction de l’hôpital Beaujon.

Le personnel des Urgences, en grande majorité (70% selon le rapport) hostile à ce projet, redoute d’être confronté à une situation comme celle qu’a malheureusement vécu leur collègue infirmière de Saint Vincent De Paul.

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PARIS, 13 janvier 2009 (APM) - La commission médicale d'établissement (CME) de l'Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) a adopté mardi une motion pour dénoncer les déclarations de Philippe Juvin, chef de service à l'AP-HP et porte-parole de l'UMP.

Le chef des urgences de l'hôpital Beaujon (AP-HP, Clichy), Philippe Juvin, qui est secrétaire national de l'UMP en charge de la solidarité, du handicap et des fédérations professionnelles, s'est plusieurs fois exprimé dans les médias suite aux accidents graves survenus ces dernières semaines à l'AP-HP.

Dans une interview au Journal du dimanche, il a estimé "qu'au moins 10.000 personnes [mouraient] chaque année à l'hôpital du fait de l'exercice de la médecine" et que ces décès étaient "évitables".

"Il faudrait obliger tous les hôpitaux à faire systématiquement une enquête après chaque décès, y compris dans les cas qui ne semblent pas liés à l'exercice de la médecine", a déclaré Philippe Juvin.

La CME de l'AP-HP a adopté mardi à l'unanimité un texte pour condamner ces propos.

"Ils sont inexacts et de nature à inquiéter faussement tous les malades qui nous font confiance", a déclaré mardi à l'APM le président de la CME de l'AP-HP, Pierre Coriat.

La CME estime que "les chiffres avancés, en particulier celui concernant les décès évitables, sont faux, sans aucun fondement scientifique et incompréhensibles de la part d'un médecin ayant des responsabilités".

Pierre Coriat rappelle que l'AP-HP s'est "investie ces dernières années dans une politique d'organisation, de qualité des soins et de gestion des risques" et que cette action a été fondée sur "de très nombreuses évaluations de pratiques professionnelles et sur l'analyse régulière des événements indésirables graves (EIG) au travers d'audits et de revues de morbi-mortalité (RMM) aboutissant à des actions correctrices et à leur diffusion aux services et spécialités concernés".

Le comité consultatif médical (CCM) de l'hôpital Beaujon a également voulu se démarquer des positions de Philippe Juvin.

Dans un texte adressé à la presse et signé par le président du CCM, Philippe Ruszniewski, et par cinq chefs de pôle de l'hôpital, la communauté médicale de l'établissement indique qu'elle "ne se reconnaît pas" dans les déclarations de Philippe Juvin et que rien ne "vient étayer les chiffres avancés".

"Estimer à 10.000 personnes le nombre annuel de décès du fait de l'exercice médical à l'hôpital ne repose sur aucune donnée", soulignent les médecins signataires.

Ils accusent Philippe Juvin de confondre "erreurs graves" et "événements indésirables graves" et soulignent que les propositions formulées par Philippe Juvin sont d'ores et déjà mis en place au sein des hôpitaux de l'AP-HP.

Les chefs de pôle de l'hôpital Beaujon estiment qu'"utiliser des accidents dramatiques à des fins politiciennes ne servira qu'à effrayer les patients qui nous font confiance et à décourager un personnel soignant compétent et dévoué".

Selon l'agenda de la ministre de la santé, Philippe Juvin doit déjeuner mercredi avec Roselyne Bachelot.

Lors de l'émission La matinale de Canal+, la ministre de la santé a indiqué mardi que les chiffres avancés par Philippe Juvin étaient "des extrapolations" mais a estimé qu'ils devaient "être à peu près de bon niveau".

Ils sont "issus d'une étude de 2005 qui extrapole des chiffres à partir d'une étude américaine" et "mériteraient d'être affinés", a ajouté Roselyne Bachelot.

Roselyne Bachelot a indiqué que les premiers éléments des enquêtes sur les accidents qui se sont passés fin 2008 seront connus à partir du jeudi 15 janvier.

Contacté par l'APM mardi en début d'après-midi, Philippe Juvin n'était pas joignable.

co/eh/APM polsan

COMAD001 13/01/2009 15:59 ACTU

 

 

Commentaires

Mon message precedent a disparu.
Un ami qui travaille à l'hôpital Beaujon me disait que P.Juvin brillait non seulement par son absence digne d'une arlesienne mais aussi par son sale caractère. Des membres de son équipe seraient partis ailleurs.

Ecrit par : Garennois | 14.01.2009

"Les chiffres avancés par M. Juvin sont issus d'une étude de 2005 qui extrapole des chiffres à partir d'une étude américaine..." Eh bien, si c'est la seule référence sur laquelle le Pr Juvin fonde ses déclarations, le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas d'une grande rigueur scientifique.
En tout cas, M. Juvin cite les études qu'il veut bien citer!
Il a omis de parler d'une autre enquête, très intéressante, qu'il devrait pourtant bien connaître puisque'elle a été réalisée à l'hôpital Beaujon où il exerce... et qui de surcroît concerne son service : les urgences.
La Direction de l'Hôpital Beaujon vient en effet de réaménager l'organisation du travail au sein de ses urgences, en instituant deux équipes sur des plages de travail de 12 heures (comme cela se pratique déjà dans certains établissements privés).
Ce réaménagement s'est fait 'en force', pour reprendre l'expression des personnels concernés, 70 % d'entre eux étant opposés à ce changement.
La direction de l'hôpital n'a pas davantage tenu compte des conclusions d'un rapport d'expertise réalisé par un cabinet indépendant, qui mettait en avant la dangerosité d'un tel système : risque accru d’erreurs professionnelles, risque de diminution de la qualité des soins.

Ecrit par : Hélène | 16.01.2009

Ma mère est décédée à l'hôpital Beaujon en septembre 2007, en 10 jours de temps nous n'avons toujours pas compris aujourd'hui, à aucun moment on nous dit que c'était terminé, au contraire elle devait subir de la chimio et rentrer à la maison, nous n'avons jamais vu aucun médecin, très peu d'infirmière, un dimanche ma mère est restée avec une couche sale pendant plus d'1 heure, personne n'avait le temps de venir la changer. Nous n'avons jamais su ce qui c'était passé. Aujourd'hui nous nous posons encore beaucoup de questions.

Ecrit par : Muriel ROCHE | 27.08.2009

Si l'hôpital Beaujon et les autres peut-être persévèrent à tolérer des chefs de service qui travaillent en même temps à Nanterre, à Strasbourg et à Bruxelles et comme maire il est évident que les choses ne vont pas aller en s'améliorant. C'est une honte surtout quand les mêmes crient au scandale en disant sur toutes les ondes qu'il y a 10000 morts/an en France à cause d'un manque d'organisation à l'hôpital.

Ecrit par : Sylvie T | 27.08.2009

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