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02.11.2008

Les valeurs de Kleber Haedens : La Révolution Nationale

La Révolution nationale (RN) est l'idéologie officielle du régime de « l’État français » mis en place par le maréchal Pétain en juillet 1940.

Principes

6c4424003fabf83d8605c68ee37091a7.jpgSes principes sont une adaptation des idées de la droite nationaliste de l'époque (monarchisme, bonapartisme, nationalisme intégral maurrassien) à un régime de gouvernement « de crise » :

Confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs. Les Actes Constitutionnels rédigés le 11 juillet 1940 par Philippe Pétain lui attribuent « plus de pouvoirs qu'à Louis XIV » (selon un mot de Pétain rapporté par son chef de cabinet civil, Henry Du Moulin de Labarthète) y compris celui de rédiger une constitution.

Rejet du parlementarisme et du multipartisme.

Corporatisme avec l'établissement de la Charte du travail (suppression des syndicats remplacés par des corporations par branches d'activité, suppression du droit de grève).

Stigmatisation des responsables supposés de la défaite : la Troisième République, en particulier la politique du Front populaire, les communistes, les Juifs, tous considérés comme des traîtres à la Patrie.

Antisémitisme d'État

Au nom de la limitation de l'« influence » des Juifs, ceux-ci sont exclus de la Nation et ne peuvent plus travailler dans l'administration ; un numerus clausus limite drastiquement leur nombre à l'Université, parmi les médecins, les avocats, les cinéastes, les métiers des arts et des spectacles, ou encore dans la banque, le petit commerce, etc.. Bien vite, la liste des métiers interdits s'allongera démesurément. On estime qu'en moins d'un an, plus la moitié de la population israélite de France sera privée de tout moyen de subsistance.

Cohésion de la société, chaque classe sociale étant censée être solidaire des autres afin de maintenir l'ordre social (« organicisme »).

Apologie des valeurs traditionnelles : la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » est remplacée par « Travail, Famille, Patrie ».

Rejet du modernisme culturel et des élites intellectuelles et urbaines (politique du « retour à la terre », qui ne convaincra d'ailleurs pas plus de 1 500 personnes de revenir aux champs.

Culte de la personnalité.

Le portrait du maréchal Pétain, omniprésent, apparaît sur les monnaies, les timbres, les murs des édifices publics, ou en buste dans les mairies. Une chanson à sa gloire, le fameux Maréchal, nous voilà !, devient l'hymne national officieux. La soumission inconditionnelle au Chef et à la hiérarchie est exaltée.

Courants

La Révolution nationale a particulièrement attiré trois groupes de personnes :

a) Les réactionnaires, au sens propre du terme, c'est-à-dire tous ceux qui rêvaient d'un retour à « avant » : avant 1936 ; avant 1870 et la IIIe République ; avant 1789 et la révolution française (voir contre-révolution). On retrouve là notamment les partisans de l'Action française.

b) Les partisans d'un fascisme à la française, qui pouvaient être rebutés par certains aspects traditionnalistes (cléricalisme, scoutisme naïf, etc.) mais pensaient quand même que c'était un premier pas vers un véritable régime fasciste.

c) Les réformateurs impatients de la IIIe république et les partisans de solutions politiques et sociales nouvelles, nombreux à la fin de la IIIe République. Évolution Largement promue par les gouvernements de Vichy de 1940 à 1942 (traditionnalistes et technocrates), la Révolution nationale n'est plus mise en avant à partir du retour au pouvoir de Pierre Laval (de formation républicaine) en mai 1942.

La politique familiale, éducative et sportive du régime de Vichy Le maréchal Pétain crée, avec les gouvernements de son régime, l'« ordre moral » et modifie la devise de la République de « Liberté, Égalité, Fraternité » en « Travail, Famille, Patrie ». Ils font un retour aux idées et gouvernances des plus conservatrices et des plus rigides pour des changements dans la société française par opposition à ceux de la IIIe République. Cet « ordre moral » est bâti sur plusieurs piliers tel le travail, la patrie, la famille, l’éducation, la remise en forme physique et contrôle de la jeunesse, la religion, la ruralité.  

La politique familiale

La famille est l'un des piliers de l’ordre moral institué par le régime Vichy pour qui elle représente la vie française et pour lequel les droits de la famille sont supérieurs aux droits des individus, le maréchal Pétain déclare fin 1940 : « Le droit des familles l'emporte sur les droits de l'État et de l’individu ». Un commissariat général à la famille est donc fondé pour poursuivre et renforcer vigoureusement les orientations du code de la famille adopté en juillet 1939 par la IIIe République. Le régime Vichy légifère donc tant pour rendre le divorce impossible durant les trois premières années de mariage que pour strictement encadrer les interprétations de la loi dans tous les cas de divorce, l'avortement fut sévèrement réprimé.

La politique sportive

La politique sportive de Vichy trouve son origine dans la conception du sport de Georges Hébert (1875-1957, officier de marine) qui dénonce les dérives du sport, c'est-à-dire la compétition, trop spécialisé à son goût et donc inutile moralement et physiquement ce qui ne peut qu'aboutir qu'au spectacle et au professionnalisme et, chez Pierre de Coubertin chantre de l'amateurisme pur et dur. Par ailleurs la résurrection morale promise à la France est inséparable d'une remise en forme physique selon la formule

« Être fort pour mieux servir » ou encore « être fort pour être utile » et donc avec la méthode « Hébert » les écoliers français apprennent à courir, sauter et grimper. Derrière ces deux formules le but était aussi de contrôler rigoureusement la jeunesse, les associations sportives et leurs respectives fédérations. 7 août 1940 : création du commissariat général à l’Éducation générale et sportive.